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lundi 22 juin 2020

Philip K. Dick. : Le Maître du Haut Château.

Le maître du haut château - Philip K. Dick - BabelioAmazon.fr - Le maître du haut château - Philip K. Dick - Livres380 pagesCollection : SCIENCE FICTION -  J'AI LU (12 novembre 2013)

 1948, fin de la Seconde Guerre mondiale et capitulation des Alliés. 

Vingt ans plus tard. dans les Etats-Pacifiques d'Amérique sous domination nippone, la vie a repris son cours. L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre. 

A San Francisco, le Yi King, ou Livre des mutations, est devenu un guide spirituel pour de nombreux Américains, tel Robert Chidan, ce petit négociant en objets de collection made in USA. Certains Japonais, comme M Tagomi, dénichent chez lui d'authentiques merveilles. D'ailleurs, que pourrait-il offrir à M Baynes, venu spécialement de Suède pour conclure un contrat commercial avec lui ? Seul le Yi King le sait. 

Tandis qu'un autre livre, qu'on s'échange sous le manteau, fait également beaucoup parler de lui : Le poids de la sauterelle raconte un monde où les Alliés. en 1945, auraient gagné la Seconde Guerre mondiale... 

Premier chef-d'oeuvre de son auteur, Le maître du Haut Château fut récompensé dès sa sortie par le prestigieux Prix Hugo. Il est ici présenté dans une toute nouvelle traduction et augmenté de deux chapitres inédits d'une suite inachevée.



De son vivant, il a reçu plusieurs prix littéraires, comme le prix Hugo pour Le Maître du Haut Château14, et le prix John-Wood-Campbell Memorial pour Coulez mes larmes, dit le policier15

L'auteur a passé la majorité de sa carrière dans une quasi-pauvreté16

Philip K. Dick - Le site dickien   L'apport de Philip K. Dick à la science-fiction est importantnote 3,17,18,19,20, et certaines de ses œuvres ont été adaptées au cinéma pour devenir des films « culte » : Blade RunnerTotal RecallMinority ReportPlanète hurlanteA Scanner Darkly.

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Image illustrative de l’article Le Maître du Haut Château. Le Maître du Haut Château (titre original : The Man in the High Castle) est un roman uchronique de Philip K. Dick publié en 1962 aux États-Unis et qui reçoit le prix Hugo l'année suivante. La traduction française est publiée pour la première fois en 1970.
Ce roman décrit un monde alternatif dans lequel l'Allemagne nazie, l'Empire du Japon et l'Italie fasciste ont remporté la Seconde Guerre mondiale, et fait l'état des lieux dix ans après cette victoire.
Le récit a pour cadre principal le territoire des États-Unis désormais occupé dans l'Est par les Allemands, et dans l'Ouest par les Japonais. L'histoire évoque notamment, par un effet de mise en abyme (ou d'uchronie dans l'uchronie), l'ouvrage d'un écrivain fictif, Hawthorne Abendsen, imaginant, à l'inverse, les conséquences d'une victoire des Alliés. Le titre choisi par Dick pour son roman fait référence à une « maison isolée, une véritable forteresse », où vivrait Abendsen.
https://www.journaldugeek.com/content/uploads/2019/11/the-man-in-the-high-castle-nazi-statue-liberte-640x321.jpg Contexte : 
Roosevelt ayant été assassiné en 1933 par Giuseppe Zangara, les États-Unis s'enfoncent dans la crise économique puisque les Républicains, vainqueurs aux élections de 1936 puis de 1940 prônent la neutralité et le libéralisme : très affaiblis, mal préparés, divisés politiquement, ils perdent toute leur flotte en 1941 lors de l'attaque de Pearl Harbor par l'aviation japonaise. En 1942, les armées allemandes remportent la bataille de Stalingrad, réussissent le siège de Leningrad, s'emparent de Moscou, et repoussent les armées russes au-delà de l'Oural ; l'Afrikakorps de Rommel s'empare du Caire, remonte jusqu'au Caucase, et opère sa jonction avec les armées allemandes du front de l'Est. En 1944, les différents débarquements alliés en Afrique et en Europe échouent ; les armées japonaises finissent par s'emparer de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, puis attaquent la Russie soviétique par la Sibérie. En 1945, les armées allemandes débarquent en Grande-Bretagne et font capituler Londres, précipitant la défaite des Alliés ; enfin, les armes atomiques élaborées par les nazis servent à raser Washington, Boston et Baltimore : conséquemment, les Alliés capitulent sans conditions en 1947 face aux forces de l'Axe. Les États-Unis sont divisés en quatre zones :
  • l'Est, rattaché au « Grand Reich allemand », dont il est seulement question dans le roman sous forme de rumeurs notamment à propos de camps de concentration ;
  • le “Sud”, un régime pro-allemand qui pratique l'esclavage ;
  • le Centre (les « Rocky Mountain States »), sorte de zone neutre, qui forme un pays vassalisé et exsangue, ainsi qu'une zone tampon entre les deux zones occupées ;
  • l'Ouest, les « Pacific States of America », qui appartient à l'Empire japonais et où se déroule l'essentiel du récit.
La série “The Man in the High Castle” sonde les valeurs occidentales L'histoire commence à San Francisco où entrent en scène plusieurs personnages :
  • un officier de l'Abwehr, Rudolf Wegener (utilisant le pseudonyme de Baynes), en mission secrète, se faisant passer pour un industriel suédois ;
  • un entrepreneur japonais, M. Tagomi, avec qui Wegener a rendez-vous ;
  • un antiquaire, Robert Childan, qui, à la fois, méprise, admire et redoute les Japonais ;
  • un ouvrier américain, Frank Frink, d'origine juive (c'est son secret) et qui essaye de développer une petite entreprise d'artisanat en joaillerie ;
  • l'ex-femme de Frank, Juliana, qui vit dans les Montagnes Rocheuses, et qui est professeur de judo.
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https://www.lepopulaire.fr/photoSRC/Gw--/man-high-castle-serie-tv-amazon-saison1_4722807.jpeg Le récit amorce plusieurs histoires, qui s'entremêlent, sans que jamais les protagonistes ne se rencontrent. La plupart des personnages ont un lien avec Robert Childan. L'entrepreneur japonais qui doit accueillir l'agent Rudolf Wegener est un client régulier de Childan chez qui il cherche un cadeau pour son client. Frank Frink se fait renvoyer de son usine car sa principale activité était en fait illicite : il créait de fausses antiquités américaines destinées à des amateurs japonais. Il se lance ensuite dans un commerce d'un nouveau genre : des bijoux en métal d'un style totalement original. Il vend ses bijoux à l'antiquaire Childan qui essaye de les promouvoir auprès d'une clientèle japonaise. Ces derniers les trouvent d'abord sans intérêt, puis, peu à peu, y trouveront pourtant du charme, qu'ils attribueront à une sorte de spiritualité intérieure. Frank Frink, de son vrai nom « Fink », d'origine juive par son grand-père, sera sauvé de justesse de la déportation nazie par M. Tagomi sans que les personnages ne se rencontrent, car ce dernier refuse simplement de signer le papier autorisant sa déportation : en effet, lors du rendez-vous secret avec Wegener, le faux commercial scandinave, en réalité officier des services de renseignement de l'Armée allemande, Tagomi apprend que le Japon est sur le point de subir une attaque imminente de l'Allemagne ; il a ensuite été obligé de tuer deux nazis venus appréhender l'officier. Très troublé par son acte, c'est grâce à l'un des bijoux fabriqué par Frank que Tagomi retrouve une forme de paix intérieure.
Dans les États centraux des Rocheuses, Juliana, l'ex-femme de Frank, s'éprend d'un jeune migrant italien. Celui-ci est chargé d'une mission secrète liée à un roman que tous les personnages cités vont croiser : Le Poids de la sauterelle. Ce roman constitue le vrai lien entre tous les personnages. Il est mentionné de nombreuses fois au cours du récit. Son titre provient d'une citation de l'Ecclésiaste (12:5) : « et les sauterelles deviendront un fardeau »1.
Messagers Galactiques — Le Maître du Haut Château (Philip K. Dick) Suivez... Résumé par Dick, Le Poids de la sauterelle constitue donc un roman dans le roman, une uchronie dans l'uchronie : son auteur, Hawthorne Abendsen, y imagine que les Alliés sont vainqueurs de l'Axe, ce qui en fait un roman subversif. Les services secrets japonais et les Allemands s'intéressent donc de près à ce livre, les nazis veulent même éliminer l'auteur. Les deux héros américains qui le découvrent en tirent des impressions et des conclusions différentes. Dick ne nous livre que peu de détails sur ce livre. Mais le monde qui y est décrit n'est pas semblable au nôtre. La trame du roman Le Poids de la sauterelle s'éloigne de l'histoire officielle que le lecteur connaît : s'il évoque bien le président Roosevelt, la bataille de Stalingrad, etc., il y est aussi question d'une domination britannique sur la Russie et même d'une possible guerre entre le Royaume-Uni et les États-Unis qui se sont retrouvés les deux grands gagnants à l'issue du conflit mondial rondement expédié (pas de Pearl Harbor, neutralité de l'Italie, etc.). Dans le roman de Dick, Le Poids de la sauterelle est montré comme interdit dans les régions sous domination nazie. Juliana découvre que celui qu'elle croyait être un simple livreur d'origine italienne est en fait un officier nazi chargé d'éliminer l'auteur du roman. Horrifiée, elle finit par tuer l'officier puis entreprend d'avertir l'auteur, Hawthorne Abendsen.
Un second livre anime les personnages : il s'agit du Livre des transformations ou Yi King, un ancien ouvrage traditionnel chinois qui permet d’obtenir par tirage au sort des oracles en interprétant un des 64 hexagrammes (et éventuellement un hexagramme dérivé, si l'un des traits obtenus est « mutable »). Abendsen s'est servi du Yi King pour écrire Le Poids de la sauterelle.
La fin de l'ouvrage laisse le lecteur dans l'expectative. Rien de décisif n'a lieu sinon l'ultime révélation du Yi King, à savoir : « Telle est la vérité ».
Man in the High Castle : quelle date de diffusion pour la saison 4 ? Analyse :
Le temps du récit est peu ou prou contemporain de la date de publication : nous sommes au tout début des années 1960.
Si l'uchronie change le cours de l'histoire pour créer une intrigue et faire réfléchir, l'auteur part de faits historiques réels qu'il transpose et adapte de manière alternative :
  • la tentative effective d'assassinat du président Roosevelt constitue le point de changement initial et repose sur une véritable tentative, celle de Giuseppe Zangara en 1933 ;
  • concernant le régime nazi, Dick le fait se perpétuer à travers tous les territoires conquis dans une logique de génocide sur la Côte Est, et à travers des rumeurs de conquête et de nettoyage ethnique en Afrique : les Juifs, les Noirs, les Slaves, certaines minorités ethniques, les handicapés ont été éliminés dans un programme de solution finale généralisé. La Méditerranée est asséchée pour en faire une étendue cultivable, etc.
  • Dick imagine une Seconde Guerre mondiale qui a comme conséquence directe une forme de Guerre froide entre les alliés de l'Axe. Les relations entre Allemands et Japonais sont empreintes de méfiance, et sont calquées sur les relations tendues entre États-Unis et l'URSS entre 1947 et 1961 qui menaçaient d'utiliser l'arme atomique (avec comme point culminant la crise cubaine). En 1992, Robert Harris reprend cette logique narrative dans son roman Fatherland.
  • c'est effectivement l'ingénieur allemand Werner von Braun qui a développé des fusées-missiles V2 pour Hitler : si dans la réalité, il est récupéré par les États-Unis et participe au projet de conquête spatiale et à l'élaboration des premiers missiles de croisière, dans le roman, les Nazis détiennent la supériorité technologique. Von Braun invente même pour l'Allemagne des fusées à propulsion atomique pour des vols suborbitaux : la Lune est conquise peu après la fin de la guerre, les premières missions vers Mars commencent dans la décennie qui suit, ce que Dick impute dans le livre au goût pour l'abstraction propre à la culture nazie : « La race, la colonisation spatiale, l'espace vital : ils ne raisonnent que comme ça ».
  • dans Le Maître du Haut Château, les habitants de l'ouest des États-Unis se relèvent lentement de la défaite par l'innovation artisanale, par la vente de leur patrimoine à des vainqueurs qui l'apprécient. Ils commencent à prendre leur revanche comme le montre le personnage Frank dans sa relation avec les Japonais, mais sont décrits comme gardant un fort complexe d'infériorité devant la culture de leurs vainqueurs, comme dans notre véritable monde où les Japonais, privés de leur armée, vis-à-vis de la culture des occupants américains, se sont investis massivement dans l'excellence économique.
  • la fin du livre constitue une énigme. En effet, Juliana comprend que c'est l'oracle issu du Yi King qui a permis d'écrire Le Poids de la sauterelle et à la question « Pourquoi ? », ce dernier répond : « Telle est la vérité ». Quelle est cette vérité dont parle l'oracle ? Dans un roman où le monde est clairement sous la domination de l'Axe, les personnages doivent admettre que « l'Allemagne et le Japon ont perdu la guerre ». On peut y voir une nouvelle mise en abyme où, sans se l'avouer clairement, les personnages sont en train de vivre dans une fiction, ou bien cette prédiction du Yi King renvoie-t-elle tout simplement à un dogme et donc à la foi. Cependant, Le Poids de la sauterelle ne décrit pas notre réalité et le livre ne peut que nous renvoyer à notre propre questionnement de lecteur, à savoir, quelle est notre réalité ? Car nous aussi, comme les personnages du roman, nous lisons un livre qui nous décrit un autre monde en nous disant : « c'est la réalité », selon un principe d'immersion propre à la lecture (l'illusion romanesque). À travers ces jeux de miroirs, le roman de Philip K. Dick pose à nouveau la question de la définition de la réalité, de sa frontière avec la fiction, de notre existence et de son incertitude, thème qu'il mènera à son paroxysme dans Ubik.

Je suis vivant et vous êtes morts ; Philip K. Dick 1928-1982 - Emmanuel  Carrère - Points - Poche - Le Hall du Livre NANCY Emmanuel Carrère : lecture du Maître du Haut Château, dans Je suis vivant et vous êtes morts, Le Seuil, 1993, biographie romancée de Philip K. Dick, p. 79-93.
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Après la mort de Philip K. Dick, plusieurs scénarios ont été inspirés plus ou moins fidèlement de ses œuvres :

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