(17 août 2016)
181 pages
Découvrant au début du récit que la mort de son jeune frère résonne avec un secret de famille, le narrateur interroge ses proches, puis, devant leur silence, mène sa recherche dans les Archives nationales. Il découvre alors que son arrière-grand-père a participé à la confiscation des biens juifs durant l'Occupation. Le récit tente d'éclairer des aspects historiques souvent négligés jusqu'à récemment, l'aryanisation économique de la France de Vichy, crime longtemps refoulé par la mémoire collective. Une enquête à la fois familiale et historique bouleversante, s'appuyant sur des documents réels.
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Alexandre Seurat - Ancien élève de l’ENS de la rue d’Ulm, agrégé de lettres modernes, Alexandre Seurat enseigne actuellement à l'IUT d'Angers-Cholet.
Il a soutenu en décembre 2010 une thèse intitulée: "Le roman du délire. Hallucinations et délires dans le roman européen (années 1920-1940)" (dir. Jean-Pierre Morel, Paris III-Sorbonne nouvelle).
"La maladroite" est son premier roman, inspiré par un fait divers, il retrace la vie d’une enfant martyrisée.
"L'administrateur provisoire" raconte l’histoire vraie d’un administrateur provisoire, Raoul H., chargé par Vichy en 1941, comme des milliers d’autres, de déposséder les juifs de leurs entreprises et de les voler au nom de la loi.
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Les dossiers d’administrateurs provisoires sont la deuxième source à consulter pour ces recherches. L’administrateur provisoire est l’acteur central de l’aryanisation d’un bien. Chaque administrateur a en charge plusieurs affaires (il est très rare qu’un administrateur ne gère qu’une seule affaire). Un même bien peut, par ailleurs, être géré par plusieurs administrateurs successifs, que le premier se soit retrouvé indisponible ou qu’il ait été jugé incompétent. Il importe alors de consulter les dossiers de tous les administrateurs provisoires qui se sont succédés.
Les dossiers d’administrateurs provisoires sont classés par départements pour la zone nord (en commençant par la Seine), et par régions pour la zone sud, puis par ordre alphabétique à l’intérieur de chacune de ces subdivisions. On y trouve essentiellement :
- la fiche personnelle d’administrateur provisoire en vue de sa nomination, avec un extrait de casier judiciaire
- l’arrêté de nomination
- la fiche relative aux rémunérations
- les réponses aux circulaires du service de restitution
- le dossier de contrôle des rémunérations établi par le SCAP.
On y trouve également bien sûr des renseignements sur les biens gérés, en particulier concernant le type d’aryanisation envisagé (vente, liquidation, etc), la réponse des propriétaires ou de leurs ayants droit à la circulaire envoyée par le service de restitution en 1946, où ils doivent indiquer s’ils ont ou non donné quitus à l’administrateur provisoire pour sa gestion et où ils ajoutent souvent des commentaires sur cette gestion, ainsi qu’éventuellement des dossiers de plaintes engagées à partir de 1945 par le SCAP ou par le propriétaire lui-même contre l’administrateur.
Autres titres
« Il y a un moment où j ai perdu mon frère. Il était là, un peu, et tout à coup, il a cessé d y être, il avait disparu. Je ne sais pas ce que j en ai fait, je ne m en suis rendu compte qu après coup. » Pour tenter de supporter la disparition de son frère et sa propre culpabilité, le narrateur remonte le cours de leur histoire commune, jusqu à l enfance. Se dessine peu à peu le portrait émouvant d un petit garçon à la beauté époustouflante qui, déjà, détonne par son comportement. D'un adolescent qui se dit « né sous une mauvaise étoile ». D'un jeune homme allant toujours plus loin dans les conduites à risques. Un moment quelque chose a dévié de sa trajectoire. Par quelle mécanique familiale, par quels engrenages personnels, a-t-il pu fracasser son existence alors que, en apparence, tout lui était donné ? Après La Maladroite, L'Administrateur provisoire et Un funambule, ce nouveau livre d'Alexandre Seurat, porté par une voix aux accents très personnels, se confronte aux blessures de l'enfance, aux non-dits familiaux, à la culpabilité.
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Un jeune homme est réfugié dans la maison de vacances de ses parents, en bord de mer, hors saison. C'est peut-être cela sa vie : la sensation d'être toujours hors saison, abandonné depuis l'enfance à un monde flottant et douloureux. Funambule, il se sent entraîné dans une course à l'abîme, à laquelle il ne peut rien. Mais un billet de train a été déposé sur la table et un taxi commandé. Demain, c'est le jour de la fête des Mères et tout a été organisé pour qu'il retrouve les siens : une petite réception, et aussi un rendez-vous pris par son père - dont il ne sait rien. Dans son troisième roman, Alexandre Seurat plonge le lecteur en apnée, dans un monde intérieur sans repères : est-ce l'effet de la perception troublée du personnage ou de la violence du monde extérieur ? Comme dans ses deux premiers livres, La maladroite et L'administrateur provisoire, l'auteur excelle à faire naître de ses phrases dépouillées une émotion à vif.
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Diana, huit ans, a disparu. Ceux qui l'ont approchée dans sa courte vie viennent prendre la parole et dire ce qui s'est noué sous leurs yeux : grand-mère, tante, demi-frère, instituteurs, directrices d'école, médecins, assistantes sociales, gendarmes, procureur... - tous impuissants à empêcher la répétition du pire. Ce choeur de voix, écrit dans une langue dégagée de tout effet de style, est d'une authenticité rare. Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans les tragédies de la maltraitance.
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